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Au procès Péchier, un bond dans le temps et deux empoisonnements "machiavéliques"
information fournie par AFP 23/09/2025 à 14:29

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier arrive à la Cour d'assises de Besançon, le 9 septembre 2025 ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

L'ex-anesthésiste Frédéric Péchier arrive à la Cour d'assises de Besançon, le 9 septembre 2025 ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

Deux arrêts cardiaques suspects au bloc opératoire en moins d'une semaine: la cour d'assises du Doubs a commencé mardi à se pencher sur les premiers décès par empoisonnement imputés à l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier, des faits remontant à 2008 et décrits comme "machiavéliques" par un enquêteur.

Parmi les 30 empoisonnements, dont 12 mortels, imputés à l'ex-médecin de 53 ans, la cour a jusqu'à présent examiné en détail les deux derniers, survenus début 2017, et dont les victimes ont survécu - elles ont témoigné la semaine dernière de leurs séquelles et de leurs questionnements.

Mardi, c'est à un saut en arrière dans le temps que la cour a invité les jurés, avec l'examen de deux cas fatals survenus fin 2008, bien avant l'ouverture d'une enquête visant Frédéric Péchier.

Le premier est celui de Damien Iehlen, un homme sportif de 53 ans, venu le 10 octobre 2008 à la clinique Saint-Vincent pour être opéré d'un rein. Frédéric Péchier n'est pas chargé de son anesthésie, mais aux premiers signes d'alerte, il "se précipite" au secours de ce patient, raconte à la cour le directeur d'enquête de la police judiciaire de Besançon, Patrick Le Barre.

Dans la salle d'opération, tous "s'affairent" pour réanimer le quinquagénaire, "mais rien n'y fait, le décès du patient est constaté à 8H15", poursuit le policier. La famille du défunt est déterminée à "comprendre" ce qui s'est passé, mais malgré une autopsie révélant un taux de lidocaïne (un anesthésique local) très élevé ("cinq fois la dose létale"), l'enquête s'enlise.

A ce moment, "je sais qu'il y a un problème, mais je ne sais pas où et je ne sais pas comment", retrace M. Le Barre, qui conservera de longues années ce dossier inexpliqué sur son bureau. Et c'est seulement huit ans et demi plus tard, "en 2017, avec les cas de Sandra Simard et Jean-Claude Gandon, (...) que je comprends comment le crime a été commis".

- "Lapsus d'aveu" -

Car l'enquête de police ouverte en 2017 après l'arrêt cardiaque de ces deux derniers patients a révélé qu'un produit avait été injecté dans leurs poches de perfusion afin de les empoisonner. Le policier fait le lien avec le cas de M. Iehlen. "Un empoisonnement à la lidocaïne, je ne l'avais pas imaginé, c'est purement machiavélique", s'exclame-t-il.

Devant la cour, l'enquêteur met en cause directement le docteur Péchier, qui était à ce moment-là en partance de la clinique Saint-Vincent pour intégrer la Polyclinique de Franche-Comté - où trois autres cas d'empoisonnements présumés surviendront.

Quatre jours après le décès de Damien Iehlen, le 14 octobre 2008, c'est au tour de Suzanne Ziegler, 74 ans, d'être victime d'un arrêt cardiaque au bloc opératoire. Là encore, le Dr Péchier aide sa collègue chargée de l'anesthésie à réanimer la septuagénaire. En vain: elle décède le lendemain.

Des traces de lidocaïne seront retrouvées dans une ampoule utilisée pour l'anesthésie.

Pour Patrick Le Barre, le but de l'empoisonneur "était de nuire à la direction de la clinique", dans un contexte de conflit entre la direction et l'équipe des anesthésistes.

Mais "qui a vu Frédéric Péchier avoir un comportement anormal à proximité d'un patient"? interroge l'avocat de la défense, Randall Schwerdorffer, fustigeant une enquête menée exclusivement "à charge", en excluant d'emblée une possible erreur médicale.

"L'arme du crime c'est le médicament, c'est les poches, c'est ce que les soignants utilisent tous les jours", rétorque M. Le Barre.

"Mais à un moment donné, il faut bien que le médicament arrive dans la poche. Or, on n'a rien vu", s'agace l'avocat.

"Personne ne m'a vu faire! Il faut des preuves!", s'était lui-même exclamé Frédéric Péchier, lundi devant la cour, lors de son interrogatoire consacré aux faits de 2017.

Une phrase dans laquelle Stéphane Giuranna, l'un des avocats des nombreuses parties civiles, a vu "un lapsus d'aveu".

Frédéric Péchier, qui a toujours clamé son innocence, comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

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